La prise en charge de la douleur
Bilan de la prise en charge de la douleur en France de nos jours

Image 1Aujourd’hui en France, le bilan de la prise en charge de la douleur est très mitigé. D’une part, car la douleur est perçue comme secondaire, ce qui entraîne un sentiment d’insuffisance dans la prise en charge médicale. La médecine semble être indifférente à la souffrance, les malades sont donc frustrés de l’attente d’un soulagement qui selon eux devrait être rapide et efficace puisque la médecine est développée.

Image 1 De plus, la prise en charge et les traitements actuels ne sont pas toujours efficaces : la surmédicalisation et les effets secondaires rendent d’autant plus difficile de supporter la douleur. La morphine porte toujours une image de danger, de dépendance, d’où le rejet de son utilisation dans les hôpitaux malgré ses vertus analgésiques. Cependant, il faut noter une volonté d’information, d’écoute, et de compréhension, ainsi que l’ouverture des centres antidouleur spécialisés qui montrent une évolution dans le domaine. Les textes de loi qui traitent de la douleur se multiplient, ce qui prouve que la prise en charge de la douleur devient une composante majeure de la politique de santé :

• La charte du patient hospitalisé : « Au cours de ces traitements et ces soins, la prise en compte de la dimension douloureuse, physique et psychologique des patients et le soulagement de la souffrance doivent être une préoccupation constante de tous les intervenants. Tout établissement doit se doter des moyens propres à prendre en charge la douleur des patients qu’ils accueillent et intégrer ces moyens dans son projet d’établissement. L’évolution des connaissances scientifiques et techniques permet d’apporter, dans la quasi totalité des cas, une réponse aux douleurs, (…) qu’elles soient ressenties par des enfants, des adultes ou des personnes en fin de vie. »

• La charte de l’enfant hospitalisé (EACH, 1998)
Article 5 : On évitera tout examen ou traitement qui n’est pas indispensable. On essaiera de réduire au minimum les agressions physiques ou émotionnelles et la douleur.
Image 1Mais ce ne sont pas les seuls progrès observés, les médicaments sont de plus en plus nombreux et efficaces ; on observe une augmentation importante de la consommation d’antalgiques depuis vingt ans, et les moyens techniques scientifiques se développent. Il existe désormais 91 unités de soins palliatifs en France (chiffres de 2007). Malgré cela, la situation de la France est inférieure par rapport aux pays voisins où l’aspect humain et psychologique est mieux pris en charge.

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>Source des deux documents

Image 1 Ce point de vue sur la prise en charge de la douleur peut être nuancé, d’une part par l’efficacité plus longue des traitements, d’autre part, par l’ensemble de la population qui n’est pas égal face aux traitements de la douleur :
- les centres hospitaliers ne sont pas forcement à proximité de l’habitat
- les malades ne sont pas tous égaux face aux traitements de la maladie, c'est-à-dire que certaines catégories (milieu social défavorisé) ne peuvent pas bénéficier de soins de confort non pris en charge par la sécurité sociale (massages, relaxation). Il n’y a que les personnes disposant de revenus financiers élevés qui ont la possibilité de se les offrir.

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Le nombre de structures de prise en charge de la douleur ne dépasse pas 4 par département, et est souvent nul. >Source


Image 1 Des difficultés à avoir un dialogue avec le personnel soignant sont parfois rencontrées car les patients peuvent percevoir la douleur comme une contrainte que les médecins ont du mal à gérer. Or il faut souligner que, s’ils semblent avoir des difficultés à faire face à la demande de prise en charge quotidienne, ils ne sont pas indifférents à la douleur.


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Image 1 En revanche, il y a une absence d’interlocuteurs médicaux, tous peuvent être susceptibles d’intervenir mais aucun n’est réellement satisfaisant aux yeux de la population. Prenons quelques exemples :
- Le médecin généraliste : il est concerné, impliqué, c’est quelqu’un de familier et d’accessible, « qui nous connaît bien », qui est à l’écoute et un dialogue existe entre le patient et son médecin. Mais on peut lui reprocher un manque de compétence.
- Le
médecin spécialiste : il est très compétent, mais c’est un expert qui manque parfois de sympathie, de disponibilité. Il peut également intimider le patient et ainsi freiner la spontanéité d’un dialogue.
- L
’infirmière : c’est une personne de proximité puisque c’est elle qui vient faire les soins du patient, elle est donc plus ouverte à un dialogue. En revanche, il peut s’avérer qu’elle ne soit pas toujours disponible et qu’il y ait un manque d’autonomie du fait qu’elle dépende d’un supérieur.
- Le
chirurgien : il a de grandes compétences, c’est une personne de confiance. Il est souvent considéré comme «  médecin sauveur ». Mais il n’est pas toujours réellement impliqué.
- L’
anesthésiste : il est très souvent considéré comme un « technicien » et parait donc peu investi et peu visible.
- Le
pharmacien : c’est une personne de proximité qui est seulement capable de soulager les « petites » douleurs.

Image 1 Attention, il ne faut pas oublier que tous ces avis sur les interlocuteurs peuvent être contestés par les différentes catégories, notamment par les catégories supérieures qui valorisent bien souvent l’image de spécialiste et d’anesthésiste.


Image 1 La prise en charge hospitalière rencontre également quelques aléas. Il est vrai qu’il y a un bon fonctionnement dans l’organisation, mais l’hôpital semble aussi être un milieu d’indifférence, malgré les visites quotidiennes des médecins qui donne au patient le sentiment d’être compris et entendu. La population attend fortement une évolution et une mobilisation de la prise en charge de la douleur.

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>Source


Image 1 Pour ce qui est de la prise en charge actuelle de la douleur en France, on note donc une amélioration au cours de ces vingt dernières années. Une évolution des mentalités et de la volonté publique a entraîné une diversité et une efficacité des moyens. Mais il y a toujours des lacunes comme l’inorganisation du système, le retard de la France par rapport aux pays étrangers, des inégalités flagrantes dans les différentes tranches de population qui, certaines, bénéficient d’une meilleure prise en charge car elles ont les moyens de se payer ce que la sécurité sociale ne rembourse pas, et enfin certaines villes sont sérieusement avantagées car elles possèdent un CHU (Centre Hospitalier Universitaire).

Image 1Comment le personnel soignant soulage-t-il la douleur ?

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