La perception de la douleur
Le rapport à la douleur


Image 1Si la douleur est toujours une expérience négative, son degré d’acceptabilité reste variable selon certains critères comme la fréquence (une douleur brève est plus supportable qu’une douleur qui dure), l’intensité (on oppose les douleurs superficielles dites banales comme les brûlures, les entorses.. aux douleurs profondes, voire insoutenables), et la possibilité d’être soulagée (certaines douleurs sont réfractaires aux traitements).


Image 1 Le rapport à la douleur est personnel et diffère d’un sujet à un autre. Certains supportent et vivent mieux la douleur que d’autres ; une étude de la SOFRES distingue quatre attitudes face à la douleur.

- La première catégorie de sujets, constituée de patients opérés à la suite d’accidents ou de cancers, voit la douleur comme un
combat. La douleur qui a été soulagée efficacement grâce à l’utilisation de la morphine, est oubliée : le patient sort avec un bilan positif de sa prise en charge. Ce combat est vécu comme une expérience solitaire, le sujet se tourne vers le personnel médical dans sa demande de soulagement.

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- Les malades qui souffrent d’une
maladie chronique, et se sont résignés à la supporter le reste de leur vie constituent la deuxième catégorie. La douleur diminue leurs capacités physiques : elle les rend incapables de continuer à satisfaire aux exigences professionnelles et familiales, ce qui entraîne un sentiment d’angoisse et de doute. L’entourage est parfois intolérant avec le sujet, et peut lui demander de prendre sur lui. D’autant plus intolérant que dans ce cas de figure, les malades ne bénéficient que d’un soulagement limité, lent à agir, et occasionnant des effets secondaires. Ils s’isolent, deviennent irritables : ils vivent seuls leur douleur.

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- Il existe un troisième type de douleur, vécue comme une
violence attentée, infligée directement par l’institution médicale. La “victime” éprouve de la rancune vis-à-vis du personnel médical qui aurait pu éviter sa souffrance. Il s’agit par exemple d’accouchements où le choix de la césarienne n’a été pris qu’à la suite de longues heures de torture, d’examens invasifs insoutenables sans anesthésie, ou de douleurs post-opératoires non soulagées. La douleur “violence” est toujours intense et insupportable, et perçue comme inutile, car elle aurait pu être évitée. Le patient a le sentiment d’avoir en face de lui un environnement médical indifférent à sa douleur, voire odieux : il se sent victime d’une injustice.

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- Le dernier type de douleur est une douleur vécue par des sujets ayant subi des
douleurs profondes (grands migraineux, victimes d’accidents, opérés lourdement), dont ils ressentent encore les effets aujourd’hui. La douleur est ici vécue comme une malédiction qui a détruit leur vie. La souffrance est présente continuellement, le sujet souffre de crises ou d’opérations à répétition. Ce type d’attitude face à la douleur est très proche du deuxième cas vu au dessus, mais le sujet est complètement terrassé par sa douleur. Il est diminué moralement et physiquement par l’intensité des douleurs qu’il subi et se voit comme un handicapé dont la vie est anéantie. La médecine ne peut pas le soulager car il n’existe pas de traitements efficaces, ou la prise d’autres médicaments l’empêche de prendre des anti douleurs dans le cas où cela serait contre-indiqué.



Image 1Il faut donc absolument soulager une douleur néfaste. Comment prend-on charge la douleur aujourd’hui ? C’est ce que nous verrons dans la seconde partie.

> Partie suivante : la prise en charge de la douleur.